SOCIETE NATIONALE INDUSTRIELLE AEROSPATIALE

DIRECTION DES ESSAIS EN VOL

LE 30 Novembre 1972

Mon cher Lami,

Nos occupations sont si absorbantes que j'ai mis bien longtemps à lire votre lettre et encore plus, vous le voyez, à y répondre. Encore cette réponse ne sera-t-elle pas détaillée car il y aurait bien à dire par exemple sur la prétendue hypo-sustentation des élevons aux basses vitesses.

Je suis bien d'accord avec vous sur certains points. Ainsi, s'agissant d'automatisme, il faut évidemment que l'utilisation de l'automate ne réclame pas plus de manipulations et de surveillance que l'exécution traditionnelle de la même manœuvre, ET dans le couple homme-automate, je ne vois aucune raison pour que l'homme se borne à servir le robot puisqu'il en est, au contraire, le maître et le contrôleur

Sur d'autres points, au contraire, l'expérience nous éloigne de ce qu'une tendance intellectuelle nous aurait indiqué comme le meilleur paramètre de pilotage, à savoir l'incidence. En fait, la stabilité de l'indication d'assiette entraîne à la préférer. Mais je ne dis pas qu'on n'arrive pas un jour à considérer une indication de pente convenablement filtrée, c'est-à-dire la trajectoire pratique que vous réclamez, comme une indication primaire.

Mais venons-en au point crucial, celui du collimateur. Croyez bien que, contrairement à ce qu'en rapporte le bulletin de l'A.P.N.A., je ne suis pas un opposant déterminé à toutes les variétés de collimateurs et viseurs. Mais une expérience qui commence à dater de 10 ans et menée en vol sur tous les systèmes proposés ou existants me fait considérer comme dangereuses toutes les présentations complexes ou toutes celles qui, pour une raison ou pour une autre, par exemple un champ de vision trop restreint, peuvent créer une quelconque fascination. Je n'apprécie donc pas le viseur CSF en particulier. En revanche, après essais en vol, le viseur SUNDSTRAND est le premier de son genre qui me semble apporter une aide sans danger, et c'est précisément en fournissant la pente que nous désirons.

De toutes façons, il appartient aux Compagnies de juger, en fonction de leur réseau et de leur procédure, si l'approche visuelle justifie l'adoption de cet instrument complémentaire. Mais c'est aux Compagnies de formuler leur demande et, restant tout ouvert aux discussions privées, je ne puis être que défavorable à des réunions sortant du cadre des relations clients-fournisseurs.

Vous voudrez bien, j'espère, m'en excuser et croire, mon cher Lami, à mes cordiaux sentiments.

André Turcat

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