SYNDICAT NATIONAL
DES
PILOTES DE LIGNE

Boîte Postale N°213
ORLY-AEROGARE (Seine)
C.C.P. PARIS 12026-64
Tél. : 726-0571

 

Le 10 Mai 1965

 

Monsieur A. TURCAT
Chef-pilote
Sud-Aviation

 

Mon Cher Turcat,

Je voudrais vous informer d'un premier vol réel exécuté à Brétigny avec le viseur CSF-191.

J'avais suivi la question depuis plus d'un an et obtenu que le 190 (militaire) soit monté sur notre simulateur 1649 inutilisé. Malgré les imperfections du simulateur, ceci avait permis de se rendre compte des possibilités de représentation de la lisibilité des images et leur lisibilité, de la précision des servomécanismes et leur champ de vision. Mais avec le mauvais calculateur du simulateur et les images adaptées à des fonctions inutiles en version civile, telles que le tir, cela n'était pas tellement probant.

Franchi m'ayant aimablement invité à Brétigny, j'y suis allé une première fois discuter avec nos camarades des essais de l'appareil 191 (que j'a vu installé sur la caravelle SGAC, mais pas encore au point pour une démonstration en vol) ainsi que des instruments à lecture verticale, "boule" SFENA etc.

Après remontage du viseur (il avait été démonté pour changement du mélangeur à prisme où un décollement gênait la lecture), Franchi m'a invité à venir faire un essai. Je suis allé à Brétigny et j'ai volé avec Jacquet (lundi 26 avril, par fort vent à rafales de 3/4 arrière). Une approche suivie de l'atterrissage automatique - système Sud-Lear bien sûr, puis même chose avec le CSF dont le directeur de vol était alimenté par les "informations de luxe". Facilité surprenante, sans la difficulté du "morpionnage" dont vous parliez sur l'ILS et qui gêne la lecture des autres informations, une autre arrivée et "touch and go" à Orly où le vent était mieux orienté et retour à Brétigny où l'exercice a été refait avec cette fois la capote pour être sûr de ne pas être influencé par la vue de la piste : même facilité.

Malgré les critiques qui peuvent être adressées à cet appareil expérimental (emplacement trop loin de l'œil du pilote, ce qui restreint le champ, palliatif de la tête tournante pour étaler la dérive, manque de l'information écart glide et repères d'attitude insuffisants) je pense que nous tenons en France la bonne solution. Je suis allé avant-hier à Issy-les-Moulineaux; CSF prépare une version améliorée de l'appareil dont le champ serait agrandi, qui disposerait de parallèles à l'horizon tous les 2° et sur lequel on prépare une image schématique de la piste. Cette dernière information me semble un peu chimérique étant donné l'imprécision des paramètres servant à la situer. L'écueil étant justement de vouloir tout mettre au lieu de se contenter de ce qui est simple et marche bien, en attendant d'être sûr de pouvoir faire mieux.

Mais l'appareil est plein de possibilités et a de nombreux avantages sur les systèmes à tube cathodique.

J'aimerais en discuter avec vous et connaître votre avis.

Croyez, mon cher Turcat, à ma fidèle amitié.

René LAMI.

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