CK n° 02436

 

Monsieur l'ingénieur en Chef KLOPFSTEIN
Service Technique Aéronautique
Etudes Générales - C.E.V.
13 - ISTRES

 

Orly, le 7 octobre 1970

 

Cher ami,

Je vous remercie de votre lettre du 17 septembre qui me fait bien plaisir, car vos essais confirment ce que je pensais de l'association de V et d'un horizon 1/1.

Je ne sais pas pourquoi la sonde à fentes se révèle de meilleure qualité qu'une girouette, peut-être est-ce dû à son amortissement propre et à un meilleur gradient d'effort par Di au voisinage de zéro.

En ce qui concerne les "bruits" qui ont circulé sur la sensibilité 1/1 de l'horizon, je crois que, du côté des civils du moins l'affaire est maintenant classée. Ceci doit être encore une séquelle du bourrage de crâne fait par le B.L.E.U. où l'on avait décrété que les pilotes feraient de l'over-control au-delà de 1/5… en oubliant d'observer que lorsqu'on regarde dehors, c'est du 1/1 et que tout le monde y est habitué.

Vous m'écrivez que le problème de la maquette située dans l'axe de référence n'existe pas, et que l'on peut même s'en passer complètement. Je crois vous comprendre : il est inutile que cette maquette soit dans l'axe de référence avion, car c'est généralement trop haut. Quand on a que l'assiette, il en faut bien une; mais si l'on a le vecteur vitesse, il suffit d'une référence liée à l'avion pour fournir l'incidence, et cette référence là peut être décalée pour en rendre l'utilisation commode. Ceci est à déterminer aux essais, mais il reste aussi l'intérêt de montrer l'axe de symétrie pour le "décrabe" : vous savez que lorsqu'on voit cette maquette revenir dans l'axe avion (donc quitter celui de la piste), l'action du pied est instinctive pour ramener le cap avion au QFU.

J'ai eu l'occasion d'essayer ça à BRETIGNY et, comme tous les autres pilotes, j'ai eu le même bon réflexe.

Reste enfin le virage : il faut maintenir une certaine inclinaison, et les bords de la glace du collimateur (ou le contour du pare-brise) sont insuffisants pour être précis. Pour ces raisons… accessoires, je pense qu'on devra conserver une maquette.

J'ai pu discuter avec BERJAL de vos ennuis de résistance, pour l'amortissement lors des essais du B.J.T.S. Ce n'est pas bien grave, et ça marchait quand même !

Vous savez qu'on a de fortes chances de voir équiper 20 CARAVELLE avec chacune 1 collimateur 193 V : la Direction des Opérations a pris position, il faut attendre la décision de la direction Générale. Espérons…

En ce qui concerne les représentations de pistes "artificielles" je suis heureux que cette idée vous plaise, et plus encore de votre intention d'essayer une simulation. Si l'on y parvenait, on piloterait enfin aux instruments et à vue avec les mêmes techniques de pilotage et en se servant de références identiques (seulement un peu plus schématisées dans le cas des instruments), et l'on devrait aller sans visibilité jusqu'au sol avec la même facilité qu'à vue.

Je pense voir les spécialistes CSF qui doivent rentrer de CHICAGO (où je les avais menés en 747) à partir du 10 octobre. J'espère qu'ils pourront sortir un système plus simple que celui actuellement proposé (3 balises qui ré-émettent l'impulsion reçue décalée en fréquence - pour lever l'ambiguïté avec les échos parasites - calcul du triangle ayant pour sommet ces trois balises, écarts de l'avion avec un axe de position connue par rapport à ce triangle, puis rendus homogènes, pour comparaison, avec ceux d'un ILS… !)

S'il ne s'agit que de déterminer la position de balises par rapport aux plans de référence avion, le problème devrait être bien plus simple. Ici encore le pilote fait simplement la discrimination entre les échos alignés des balises et les échos parasites : la seule justification d'une ré-émission sur une autre fréquence serait l'amélioration du contraste.

Je serais intéressé de savoir quels messieurs du S.G.A.C ont eu "vent" de l'idée de représentation simultanée de la piste par deux moyens distincts, et l'auraient déjà déformée. J'ai en effet de temps en temps des contacts avec DESINDES et son équipe, et leur ai communiqué mes papiers. S'il y a déformation, il faudrait que je les revoie pour redresser et essayer d'enfoncer le clou… bien droit !

Monsieur DESINDES m'a parlé d'une campagne d'essais de simulation à ISTRES, où seraient conviés un certain nombre de gens ( y compris représentants F.A.A.) et qui s'étendrait dur environ 1 an. Je suppose que c'est vous qui vous occuperez de cela ?

Je souhaite que ce soit une occasion de nous rencontrer, mais en attendant si vous venez à PARIS, faites-moi signe.

Croyez à toute mon amitié.

René LAMI